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ARCHITECTURE ET MAÎTRES D'OUVRAGE EN AQUITAINE

lundi 23 mai 2011

Architecture en Aquitaine

Les participants au dernier déjeuner mensuel d'AMO s'interrogeaient sur l'existence ou la nécessité d'une identité architecturale Aquitaine.
A la clôture du débat, il se confirmait que l'architecture était avant tout contextuelle, et qu'elle se devait de jouer avec les données locales, géographiques et culturelles. Un projet typiquement aquitain reste difficile à identifier sorti de son contexte.

Pour élargir la réflexion, Pierre Lajus nous a transmis un texte de 2005, consacré à l'école bordelaise des années 60/80. Nous vous le livrons et vous invitons à nous faire part de vos commentaires !

Pierre Lajus, 15 décembre 2005

" L’ECOLE BORDELAISE D ‘ARCHITECTURE DES ANNEES 60 / 80 ET LA MAISON INDIVIDUELLE

Il y aurait, dit-on, une « école bordelaise » de l’architecture des années 1960 à 1980.

Si elle existe, c’est certainement autour d’Yves SALIER et d’Adrien COURTOIS qu’elle s’est constituée. Quand je les ai rejoints en 1962, ils s’étaient déjà signalés avec éclat avec la caserne des pompiers de la Bastide, conçue avec leur maître Claude FERRET, et aussi par quelques maisons individuelles d’un modernisme sans concessions.

L’aura de ces deux architectes allait attirer dans leur agence de la rue de Lyon, puis plus tard dans celle de l’avenue Kennedy à Mérignac, de nombreux étudiants que l’enseignement de l’Ecole d’Architecture ne suffisait pas à combler (1). La plus grande partie de l’ »atelier Ferret » de l’époque allait participer à de nombreuse « charrettes » et apprendre en travaillant chez nous le métier d’architecte.

Le collaborateur permanent de l’agence était Michel SADIRAC. Sa compétence professionnelle, acquise au sein de l’agence sans qu’il soit passé par une Ecole d’Architecture, devait être reconnue, sur dossier de références, par le Ministère de la Culture en 1969. Il en sera de même, par la suite, pour six des collaborateurs de l’agence,(2) dont Claude MARTY et Bernard BUHLER seront les plus connus. Sept architectes reconnus auront été ainsi formés par cette seule agence !

Mon agence de la rue François Villon, après 1974, allait susciter le même intérêt chez les étudiants, et voir se succéder de nouvelles générations (3). Celles-ci connaissaient d’autres influences, et notamment celle, très marquante, de Jacques HONDELATTE. Je crois que tous se reconnaissent aujourd’hui comme inscrits dans la même filiation.

Cette agence qui apparaît ainsi comme une véritable « Ecole » avait-elle une doctrine, une théorie particulière de l’architecture ?

Cette question aurait bien fait rigoler Salier, qui se voulait artiste éminent, mais certainement pas intellectuel.

Pourtant, je crois pouvoir dire que cette « école » a diffusé une attitude commune vis-à-vis de l’Architecture, et une pratique originale.

Cette Pratique, c’est celle du Projet et du Chantier étroitement liés que permettait le volume modeste de notre carnet de commande. Les aller-retours rapides entre la table de discussion avec le client, la planche à dessin et les entrepreneurs, dans une ambiance décontractée, ont créé une connivence qui a permis, à mes yeux, une grande créativité.

L’Attitude commune de notre équipe, c’est certainement un engagement militant dans la modernité, une exigence de qualité qui pouvait aller jusqu’au jusqu’au-boutisme, au risque de perdre quelques clients.

C’est aussi l’intérêt privilégié pour trois registres de la création architecturale qui nous paraissaient essentiels ; le rapport au site, la qualité de l’espace architectural et le système constructif.

C’est d’abord dans leur relation au site que s’élaboraient nos projets. Que l’on s’y intègre en ancrant dans le sol une construction massive, ou qu’au contraire on cherche à seulement l’effleurer par quelques pilotis, que l’on impose un contraste fort ou que l’on joue d’une intégration en douceur, c’est toujours cette approche paysagère qui est première.

La qualité de l’espace architectural que nous aimions, et que nous avons voulu faire aimer à nos clients, c’est celle de l’espace ouvert du plan libre de Le Corbusier, disciplinée par l’exemple rigoureux du Bauhaus, mais c’est surtout la fluidité des relations entre l’espace intérieur et celui du dehors que nous avions appris des architectes californiens Richard Neutra, Schindler, Craig Ellwood et bien sûr Franck Lloyd Wright, et aussi des créateurs de l’architecture traditionnelle japonaise.

Faire de l’Architecture, ce n’était pas seulement pour nous faire des projets, c’était aussi construire, et mettre en valeur le système constructif en béton, en bois ou en acier que nous avions choisi. Ce que Jean Prouvé a appelé l’ »intelligence constructive », donner un sens compréhensible à un assemblage harmonieux de poteaux et de poutres, de murs et de planchers, avec le minimum de moyens et d’artifices, c’était notre doctrine implicite.

Notre domaine de prédilection, c’était la maison individuelle, avec le rapport très particulier que ce type de commande instaure entre un ménage , une famille, et l’architecte à qui ils ont choisi de confier la matérialisation de leur rêve d’habitat. Ce travail artisanal, sur mesure, nous aurions rêvé le développer à une échelle plus vaste, pour faire profiter un plus grand nombre d’habitants de nos découvertes, en faisant appel aux techniques de construction industrielle. Nous ne savions pas qu’entre les concepteurs et les usagers, il y avait aussi la loi du marché, et qu’une »maison de maçon » pesait plus lourd qu’une « girolle »…"

Note 1 Patrick MAXWELL et Jean-Claude MOREAU, qui allaient ensuite fonder AGORA avec DUCLOS, HEIM, PAGES et les frères DEBAIG, Michel DEJOS, Antoine MARTINEZ, Jean-Jacques LACAZE et Philippe RICAUD réunis plus tard dans OPUS, Maïté CHANTOISEAU et Patrick FOUQUET, qui deviendra l’associé de SALIER et COURTOIS après mon départ en 1974, Brigitte GONFREVILLE et Michel PETUAUD - LETANG, qui devait inventer la « maison- boulon » après que nous ayons lancé la « Girolle » en 1966…et d’autres que j’oublie.

Note 2 « Dédé » RODRIGUEZ et Alain RIBE, avec la formation complémentaire de Promoca, et, reconnus uniquement sur leurs références construites, Alain FORTIN, Jean ALBEDRO, Claude MARTY et Bernard BUHLER.

Note 3 Entre autres Frédéric BROCHET et Daniel BERGUEDIEU, Pierre MAILLAU, Francis GUIEYSSE et Hubert SALADIN, Laurent GOUYOU-BEAUCHAMPS et Jean-Charles ZEBO.


Conseil d'ami !


Le Corbusier a construit une maison, une seule en Argentine : la maison Curutchet dans les faubourgs de Buenos Aires. Elle devient le théâtre d'une chronique cinématographique sur les querelles de voisinage, la lutte des classes et menus tracas, et accompagne au final une fable morale complexe et riche en interrogations.
L'Homme d'à côté est un très bon film, qu'AMO vous conseille !

dimanche 8 mai 2011

Rénovation urbaine, l'expérience du Grand Projet des Villes

Vendredi 20 mai à 9h30, AMO Aquitaine vous invite à une rencontre consacrée à l'expérience menée depuis 10 ans sur le territoire du Grand Projet des Villes des Hauts de Garonne.
Le Grand Projet des Villes des Hauts de Garonne est, pour près de 70 000 habitants des quatre communes de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont, un enjeu majeur d’équilibre social et de transformation durable des quartiers concernés.

Le Rocher de Palmer, équipement culturel réalisé par Bernard Tschumi à Cenon, nous accueillera autour des 4 maires de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont pour une matinée de réflexion sur la rénovation urbaine, ses leviers, les projets qu'il reste à développer, les acteurs, l'articulation avec les projets métropolitains.

La matinée se poursuivra sur place par un déjeuner au restaurant ZE ROCK, créé en 2010 par Nicolas Magie.

Vos inscriptions sont indispensables pour cette journée, c'est ici !